Prendre en photo ou vidéo ses enfants et les garder pour soi, c’est le bon réflexe !
Scène banale en 2025. Les maîtresses de l’école maternelle, qui font chanter leurs élèves en chorale, chaque semaine, ont invité les parents pour un court spectacle avant les fêtes de fin d’année. Dans la salle, tous les bras sont levés, smartphone en main, pour immortaliser la performance des mini-artistes. Même si la directrice a pris soin de préciser que les photos ou vidéos doivent rester dans la sphère privée, il y a de fortes chances que certains clichés soient postés sur les réseaux sociaux. En moyenne, un enfant apparaît sur 1300 photographies publiées en ligne avant ses 13 ans, alors qu’il n’a pas l’âge d’être sur les plateformes. Un chiffre qui monte jusqu’à 70 000 contenus à la majorité.
Cette pratique, qui concerne un parent sur deux, n’est pourtant pas un acte anodin. C’est pourquoi la FCPE, en partenariat avec Internet sans crainte, a créé une affiche de sensibilisation à destination des parents, qui vise à rappeler que les exposer, c’est les mettre en danger. Pourquoi ? Car, 50% des photos publiées sur les forums pédopornographiques sont des clichés auto-produits, c’est-à-dire créés par les parents eux-mêmes. Poster une photo ou vidéo de son enfant, c’est l’offrir à des individus malveillants, qui peuvent les truquer grâce à des systèmes d’’intelligence artificielle (dénuder les enfants par exemple), et les diffuser dans d’autres sphères. Vos précieux souvenirs peuvent être téléchargés et utilisés par n’importe qui.
L’enfant doit donner son consentement
Autre risque ? Fournir une quantité d’informations sur son enfant : ses données personnelles, sa localisation en temps réel, ses centres d’intérêt, les lieux qu’il fréquente régulièrement. Une aubaine pour des prédateurs potentiels. À long terme, c’est aussi l’identité numérique des enfants qui est en jeu. Même des années plus tard, ces contenus, difficilement effaçables, peuvent présenter un risque de cyberharcèlement dans un cadre scolaire ou bien professionnel, ou d’usurpation d’identité.
Pour tenter de limiter les dégâts, une nouvelle loi – dite « loi Studer », du nom du député qui en est à l’initiative –, a été adoptée le 19 février 2024, en complément de l’article 9 du Code civil, qui garantit le droit à la protection de la vie privée. Dorénavant, les parents sont tenus d’associer l’enfant à l’exercice de son droit à l’image, selon son âge et son degré de maturité. Sans consentement de sa part, aucun des deux parents n’a le droit de diffuser son image en ligne. Et, dans les cas les plus extrêmes d’atteinte grave à la dignité, les parents peuvent perdre leur “autorité parentale numérique”.
Quelques conseils de prévention
Alors, quels sont les bons réflexes à mettre en œuvre pour protéger son enfant ?
• Réfléchir avant de publier : pourquoi je souhaite absolument poster cette photo/vidéo de mon enfant ? ;
• Éviter de montrer le visage de l’enfant (mettre un émoji à la place, le prendre de dos, flouter son visage) ;
• Ne pas mentionner son prénom, nom, adresse, ni donner des indications sur sa géolocalisation ;
• Ne pas partager de contenu pouvant porter atteinte à l’intimité ou la dignité de l’enfant ;
• Configurer ses réseaux sociaux en mode privé ;
• Privilégier les envois par messageries privées ;
• Si une photo/vidéo de lui est publiée par un tiers, c’est à vous, parents, d’exercer les droits de votre enfant mineur (droit d’accès, de rectification, d’effacement, d’opposition).

Un clip de prévention diffusé sur France TV
En partenariat avec l’autorité de protection des données irlandaise, la Cnil a réalisé un clip vidéo sur le thème du sharenting. Le clip sera diffusé sur l’ensemble des chaînes du Groupe France Télévisions, du 11 au 18 décembre 2025.