L’éducation à la diversité, c’est l’école de la vie

Apprendre à son enfant à tolérer l’autre tel qu’il est, c’est le préparer à la société d’aujourd’hui. Les parents, mais aussi l’école, ont un rôle fondamental dans cet apprentissage des règles du vivre ensemble.

Dès que l’enfant sort du cocon familial, il est confronté à ceux qui ne sont pas comme lui. Et qui, par définition, sont tous les autres. « Notre fonction de parents, c’est de présenter aux enfants la société telle qu’elle est, rappelle Marie-Rose Moro, pédopsychiatre. Et la diversité est un des moteurs de notre société. »

Pour la spécialiste, éduquer à la diversité en parlant « très tôt » aux enfants des différences multiples est une évidence et « commence par un travail sur nos propres préjugés ». Surtout dans une période où le repli sur soi, le rejet de l’autre et la parole démagogique ne cessent d’être véhiculés par les médias et les réseaux sociaux. Observer, constater et après ? « L’éducation est de considérer que la différence existe mais qu’elle n’implique pas de hiérarchie », répond la spécialiste.

Entre 6 et 12 ans, l’enfant a besoin, pour se construire et s’autonomiser, de rechercher ce qui lui ressemble car ça le rassure et l’inconnu lui fait peur.

Il y a deux grandes façons de parler des différences, argumente Marie-Rose Moro. Soit de façon anglo-saxonne en donnant des arguments objectifs, scientifiques et historiques. Soit de manière plus poétique et éthique en utilisant des images et en rappelant que la hiérarchie fait du mal. Ce qui importe, c’est que l’adulte soit à l’aise. On peut en parler aussi des deux façons. »

Les mots sont indispensables mais l’éducation à la diversité passe aussi par la rencontre avec l’autre.

En France, la mixité fait peur

Mais parfois aller vers les autres est plus ou moins douloureux. « On est tellement bien sous la cloche familiale que l’on a tendance à oublier de se forcer à en sortir au risque de la rendre étouffante, remarque Alain Serres. Dans ce cas, l’école joue un rôle fondamental. » Dès la maternelle, l’enfant est confronté aux multiples différences. Certains enseignants n’hésitent pas à se saisir de cette réalité et rebondissent sur la question du vivre ensemble.

C’est aussi à l’école que les élèves sont amenés à côtoyer les enfants en situation de handicap. Le meilleur moyen de gommer la gêne vis-à-vis de cette différence souvent transmise par les adultes. Et une façon concrète pour ces enfants de prendre leur place dans la société avec leur handicap.

Un constat que partage Marie-Rose Moro. « En Italie, il y a plusieurs enfants en situation de handicap physique et psychique par classe. En France, on a peur de la mixité car elle ferait baisser le niveau de la classe, déplore la spécialiste. Pourtant, la diversité est davantage un cadeau qu’un fardeau. C’est même une chance pour nos enfants. Et un vrai apprentissage de l’altérité. » Et comme le rappelle Alain Serres, « l’autre est tout, sauf un problème ».

L’éducation est de considérer que la différence existe mais qu’elle n’implique pas de hiérarchie.
Marie-Rose Moro, pédopsychiatre

Infos pratiques

Bibliographie

Des livres pour parler des différences avec les enfants

Le livre noir des couleurs, Menena Cottin, Rosana Faria, Rue du Monde, 2007, 32 pages, 19,50 €. Dès 4 ans
Les bêtes noires ont bon dos, une fable sur le racisme ordinaire, Alain Serres, Rue du Monde, 2014,  32 pages, 14 €. Dès 7 ans.
Cœur d’Alice, Stéphane Servant et Cécile Gambini, un album qui traite du handicap avec finesse et subtilité, Rue du Monde, 2007, 30 pages, 15 €. Dès 5 ans.
Petite Tache Lionel Le Néouanic, Les grandes personnes, 48 pages, 2011, 14,50 €. Dès 3 ans

Un livre pour les parents

Enfants de l’immigration, une chance pour l’école, Marie-Rose Moro, Bayard, 178 pages, 18 €.