Passe ton bac, d’accord ?

Engagé au pas de course sur la voie des réformes, Jean-Michel Blanquer n’aura attendu que quelques mois pour repenser complètement le premier grade universitaire qu’est le baccalauréat.
Fin des séries, littéraire, scientifique ou économique ; contrôle continu, grand oral… Le bac, véritable monument historique, subira en 2021 un grand ravalement de façade.
Pour Liliana Moyano, présidente de la FCPE, le précédent système « profitait aux familles qui connaissent les rouages pour briller à l’examen ». Le changement était donc attendu. Mais à l’aube du grand chamboulement, comment la FCPE a-t-elle réussi à faire entendre la voix des parents pour la mise en œuvre de cette réforme qu’elle réclame depuis une quinzaine d’années ? Décryptage d’un dispositif qui concerne 338 000 familles.

Fin des séries

Un bac désormais à la carte. A la trappe, le choix dès la fin de seconde, d’une filière scientifique, littéraire ou économique. Désormais, la scolarité se fera sous forme de parcours. L’élève suivra une série de matières qui font partie du tronc commun obligatoire1. Ensuite, il y aura les spécialités. Trois seront suivies en première (choisies par l’élève) et parmi celles-ci, deux seront suivies en terminales. Le lycéen pourra opter au choix parmi différentes disciplines2. Enfin, une option peut être suivie par l’élève en première (arts, littérature culture ancienne, EPS et LV3), une deuxième est proposée aux élèves de terminale (maths expertes, maths complémentaires, droits et grands enjeux du monde contemporain).

Sur le papier, dans un monde idéal, consigné dans un beau dossier de presse, la FCPE ne peut qu’accueillir positivement une réforme qu’elle réclame depuis une quinzaine d’années. Mais sur le terrain et dans sa mise en œuvre, les craintes sont de mise. Le projet ministériel réussira-t-il à atteindre tous les objectifs qu’il affiche dès aujourd’hui ? Tous les élèves auront-ils vraiment une totale latitude pour construire le parcours de leur choix sans contrainte de niveau scolaire ou « attendus », ni de lieu de scolarité. Autrement dit, la combinaison des spécialités sera-t-elle possible pour tous les élèves, quel que soit leur lycée ? Et quid des autres bacheliers ? Les bacs technologiques ne changent pas et ceux de la voie professionnelle, on attend encore leur réforme. Or, pour la FCPE, repenser le baccalauréat ne peut être envisagé uniquement pour la « sacro-sainte » voie générale.


Quatre épreuves terminales dont un grand oral

Fin de première, les élèves passeront l’épreuve anticipée de français, comme actuellement. Les modalités de l’épreuve devraient être toilettées, mais actuellement, point de détails. Deux épreuves porteront en terminale sur les spécialités choisies par l’élève. Deux autres épreuves seront communes à tous les candidats (la traditionnelle épreuve de philosophie et un oral terminal). C’est la grande nouveauté de la réforme Blanquer. Devant un jury de 3 personnes, l’oral de 20 min sera découpé comme suit : 10 min de présentation d’un projet et 10 minutes de questions du jury.  Le projet, qui se veut interdisciplinaire, portera sur deux disciplines et sera préparé en groupe en première, puis poursuivi seul en terminale. La FCPE salue l’instauration de cette épreuve qui rappelle les travaux pratiques encadrés, supprimés autoritairement en 2004, mais qui avaient pourtant porté leurs fruits. La FCPE reconnaît dans cet oral, une épreuve qui sollicite l’aptitude à communiquer, à échanger les savoirs, et à coopérer, à condition bien sûr que ces différentes compétences soient bien évaluées au cours de l’examen. Toutes ces épreuves représenteront 60% de la note totale de l’élève.


Mise en place du contrôle continu

Le contrôle continu concernera les élèves dès l’année de première sur ses matières étudiées. Il devrait représenter 40 % de la note finale. Le bulletin scolaire pèsera quant à lui pour 10% dans ces 40%. Pour la FCPE, il était temps de sortir de l’examen couperet qu’était le baccalauréat jusqu’alors, ne donnant pas le droit à l’erreur et favorisant les révisions de dernière minute. Le bachotage en fin d’année était vecteur de stress et sa valeur pédagogique restait à démontrer. Cependant, s’il y a contrôle continu, la FCPE demande à ce qu’il ne soit ni une usine à gaz, ni l’occasion d’un affaiblissement de la valeur du bac national. Là encore, elle veillera à sa mise en place concrète sur le terrain. Le chantier lancé par le ministère est ambitieux, il était demandé par l’ensemble de la communauté éducative. Alors, à la question posée à quelque 40 000 lycéens, lors de sa consultation, « selon vous, l’examen du baccalauréat aujourd’hui doit être réformé ? », qui pouvait répondre « non » ? Ni les lycéens, ni les parents… Reste une inconnue. Le ministre réussira-t-il à faire briller tous les élèves à l’examen ? Les parents élus suivront dans les conseils d’administration l’offre éducative qui sera proposée à leurs enfants.

(1) Français, philosophie, histoire, géographie, éducation civique et morale, langue vivante 1 et 2, éducation physique et sportive, humanités scientifiques et numériques.

(2) Arts, sciences économiques et sociales, physique-chimie, mathématiques, histoire, géographie-géopolitique-sciences-politiques, humanités-littérature-philosophie, langues et littératures étrangères, numérique et sciences informatiques ou sciences de la vie et de la terre.