Mon enfant est délégué de classe : comment l’accompagner ?

C’est un engagement nouveau pour mon enfant : élu(e) par ses pairs, il/elle va les représenter durant toute l’année scolaire. Une mission enrichissante, qui peut néanmoins comporter quelques difficultés. Décryptage.

La fonction existe depuis 1969 dans tous les collèges et les lycées du territoire. Les élèves élisent dans chaque classe deux délégués chargés de les représenter auprès des différents adultes de l’établissement. « Le temps fort de la mission est le conseil de classe, une fois par trimestre, où les délégués siègent de droit et doivent être écoutés, remarque Laurence Marion, principale du collège Cerdanya à Bourg-Madame et coauteure de Accompagner les délégués, (éd. Crdp Grenoble). Ce rendez-vous nécessite un échange en amont avec le professeur principal et un rapide compte-rendu auprès des élèves de la classe à la suite du conseil. » Outre le conseil de discipline – où les délégués peuvent être entendus comme témoins – aucun autre engagement hors temps scolaire ne leur sera demandé. « Le temps investi ne doit pas effrayer les familles, précise la spécialiste. Les enseignants sont invités à faciliter l’exercice du mandat et tout est pensé pour ne pas alourdir le travail des élèves. »

Apprendre la notion de « représentation »
En réalité, la « difficulté » réside davantage dans la « représentation » à proprement parler. « Les délégués représentent les élèves sur un plan collectif – ils font remonter des informations sur l’ambiance de la classe – mais aussi sur un plan individuel, explique Laurence Marion. En transmettant, par exemple, des difficultés personnelles dont l’équipe pédagogique n’aurait pas connaissance : un problème familial passager, un problème relationnel avec un enseignant, etc. » Une mission parfois ardue, notamment pour des élèves collégiens encore jeunes. « La famille peut apporter un précieux soutien en aidant le jeune à cerner cette notion de représentation : lui rappeler, par exemple, que représenter ses camarades ne signifie pas être responsable de leurs comportements, note l’experte. Revenir, aussi, sur la notion de confidentialité : ce qui est dit sur chaque élève ne doit pas être divulgué, mais transmis seulement à l’élève concerné. »

Identifier les bons interlocuteurs
Il arrive par ailleurs que les délégués recueillent des confidences qui nécessitent de réagir sans attendre. « Lors de la formation qu’ils reçoivent, on leur apprend à évaluer le degré d’urgence d’une situation, indique Laurence Marion. Si un de leur camarade leur confie, par exemple, un problème de harcèlement ou de maltraitance, l’idéal est qu’ils l’accompagnent auprès d’un adulte de l’établissement, sans attendre le conseil de classe : l’infirmière scolaire, le CPE, le professeur principal, etc. » Quant à impulser d’éventuels projets (aider au financement d’un voyage, apporter des améliorations en termes de fonctionnement dans la classe, etc.), le rôle du délégué est là encore d’identifier les bons interlocuteurs qui l’aideront à formaliser son idée. Sachant néanmoins que d’autres instances et structures – le Conseil de la vie collégienne (CVC) ou lycéenne (CVL), la maison des lycéens – sont mieux adaptées pour porter ce genre d’initiatives. Une voie à explorer pour les délégués de classe qui souhaiteraient s’impliquer plus avant dans la vie de l’établissement…

Je suis déléguée de classe depuis trois ans. Pour moi, le plus difficile est de rendre compte de ce qui se dit au conseil de classe quand les nouvelles sont mauvaises : un élève, par exemple, qui doit revoir entièrement son projet d’orientation… Mais en même temps, c’est très intéressant d’avoir cette responsabilité et de faire le lien entre les élèves et l’équipe pédagogique. Bien que je sois très autonome, mes parents me soutiennent et m’encouragent. Si j’ai besoin d’un conseil, je sais qu’ils sont là pour m’épauler
Ninon, 17 ans, élève de terminale

Se tourner vers les organisations lycéennes
A partir de la classe de seconde, les délégués de classe peuvent se tourner vers les organisations lycéennes. Celles-ci jouent un double rôle : elles proposent des formations aux jeunes élus pour qu’ils remplissent au mieux leurs missions en conseil de classe ou en conseil d’administration, et elles permettent à ceux qui souhaitent militer davantage de représenter les élèves à des échelons de concertation plus élevés. Les élus lycéens peuvent ainsi siéger au sein du conseil académique de la vie lycéenne (CAVL) et du conseil national de la vie lycéenne (CNVL), ainsi qu’au Conseil supérieur de l’éducation (CSE). Trois organisations existent, avec chacune leurs revendications spécifiques : l’Union nationale lycéenne (UNL), l’Union nationale lycéenne syndicale et démocratique (UNL-SD), la Fédération indépendante et démocratique lycéenne (FIDL), le Syndicat général des lycéens (SGL).