Un déconfinement qui concerne 15% des élèves

#déconfinementjour2. Après 8 semaines d'arrêt, parfois davantage pour certains départements, une petite proportion d’élèves va retrouver cette semaine le chemin de l'école primaire en métropole. Ce retour laisse de la place à de nombreuses questions : quand Jean-Michel Blanquer annonce que seul 1 million d'élèves sera accueilli, la FCPE s’interroge sur ce qui est prévu pour les 5,6 millions restant… Car les propos du ministre sont pour le moins obscurs en ce qui concerne l'organisation de la « continuité pédagogique à la maison » : avec quels enseignants, à quel rythme…

Les parents ont en théorie le choix de ne pas remettre leurs enfants à l'école, un choix pour l'heure très contraint puisque s'ils ne font pas partie des publics prioritaires (élèves handicapés, enfants des personnels indispensables à la reprise ou sans solution de garde, enfants décrocheurs ou en voie de décrochage) ils n'auront pas, ou peu, de places. En réalité, que les parents s'inquiètent de la mise en place du protocole sanitaire ou pas, de fait, ils devront s'organiser pour faire garder leurs enfants. Sans oublier ni les collégiens situés dans les départements en zone rouge qui ne savent toujours pas quand ils pourront rentrer, ni les lycéens, et ce, quel que soit leur lieu de résidence.

Si l’objectif du gouvernement « tous les enfants puissent passer par l’école » avant l’été afin de créer une alternance entre présentiel et enseignement à distance, les parents font remonter auprès de leurs représentants FCPE leurs inquiétudes.

Pour la FCPE, la question du « volontariat » comme présentée par le gouvernement est, en effet, un piège pour les parents. Outre le fait que les parents ont des inquiétudes sur les conditions sanitaires de la reprise, l’école ne pourra pas accueillir matériellement tous les élèves d’un établissement, ni même la moitié. Et même si les collectivités territoriales volontaires pourraient mettre en place de l’accueil périscolaire ou des études, là aussi les places seront limitées. Et cela sans compter les contraintes et les multiples critères possibles à prendre en compte pour organiser l’accueil des groupes d’élèves :

  • La situation familiale et professionnelle des parents ;
  • Les enfants jugés « prioritaires » (en difficulté scolaire, décrocheurs, à besoins éducatifs particuliers…) ;
  • La fratrie ;
  • Le nombre de personnels possiblement présents ;
  • La taille des classes (il faut compter environ 4m2 par enfant) et l’état des différents lieux stratégiques de l’établissement (sanitaires, cour, couloir, abords, cantine…) ;
  • L’état des sanitaires est un critère essentiel. En effet, l’interdiction d’usage du gel hydro-alcoolique a été levé dans les écoles primaires pour un usage « exceptionnel (entrée, retour de récréation etc.) mais une vigilance est de mise car l’exceptionnel ne peut pas être quotidien ;
  • Le choix de rythme : une semaine sur deux, un jour sur deux, une demi semaine/2 ;
  • La disponibilité de matériel et de connexion informatique chez soi ;
  • L’organisation que pourront avoir les équipes pour animer présentiel et enseignement à distance ;
  • L’organisation de la pause méridienne et de la restauration des élèves.

Mais cette question s’inscrit également dans la durée, penser les vacances autrement, comme la rentrée autrement car il faudra très certainement aller plus loin encore que la rentrée et le premier trimestre.

[Mise à jour 15 mai 2020]. Après les écoles, c'est au tour des collèges situés en départements verts d'ouvrir leurs portes à leurs élèves… enfin, à quelques-uns de leurs élèves ! Selon les établissements, là où les prescriptions des autorités sanitaires pourront être mises en œuvre, les élèves de 6e et 5e retrouveront le chemin de leur classe. Afin d'avoir une idée plus précise de la façon dont cette rentrée du 18 mai se déroulera, nous vous invitons à remplir notre questionnaire. Vous pouvez aussi répondre à notre sondage en ligne pour ce qui concerne la réouverture des écoles primaires. 

Vous nous faites régulièrement part de vos expériences sur le terrain, soit par la voix de nos organisations départementales, soit par vos échanges sur notre forum de discussion dont vous trouverez ici quelques extraits. C'est l'occasion de partager ce que l'établissement scolaire de votre enfant a mis en place durant cette période, et comment les enseignants ont réussi à garder le lien avec vos enfants. Sachez que la FCPE continue de demander une mise en œuvre des protocoles de réouverture en lien avec les parents élus, tout comme la tenue des conseils d'école ou d'administration en présentiel ou en distanciel, mais toujours là encore avec les parents ! 

[Mise à jour 22 mai 2020]. Force est de constater que depuis le 18 mai les ouvertures d'écoles ont été le plus souvent réalisées sans la participation des parents (voir notre sondage). Partout dans nos départements, la FCPE regrette vivement cet état de fait, et demande à ce que la rentrée de septembre se prépare autrement, avec davantage de concertation, ce qui permettra d'éviter les mauvaises gestions sur le terrain. Nous sommes d'autant plus inquiets que nous n'avons pour l'heure aucune information du ministère quant à ce qu'il prévoit pour la rentrée de septembre, et que nous ne savons toujours pas comment les 70% d'écoliers du primaire qui poursuivent l'enseignement à distance (selon les dires du ministère) pourront retrouver le chemin de l'école et quitter le foyer familial : car, rappelons-le, aujourd'hui, ce sont toujours les parents qui assurent l'essentiel de l'encadrement scolaire de leurs enfants !

[Mise à jour 29 mai 2020]. Le ministre de l'Education nationale s'est finalement rangé du côté des parents, des enseignants et des élèves en annonçant jeudi l'annulation de l'oral du bac français remplacé par les notes obtenues en contrôle continu lors des premier et deuxième trimestres. Il a également affirmé que l'ensemble des établissements scolaires devraient ouvrir et accueillir le maximum d'enfants possible, dans les limites imposées par l'application des gestes barrières. La FCPE ne peut que s'en réjouir, mais s'inquiète tout de même de la faisabilité de l'opération compte tenu du peu de temps restant d'ici la fin de l'année et du faible taux d'enfants aujourd'hui fréquentant les établissements (22%). Et si le ministre a rappelé que le retour dans les établissements reste un acte volontaire, la difficile organisation d’une montée en puissance de la fréquentation des établissements et le continuum des enseignements à distance ne facilitent en rien la mobilisation de nos enfants. Pour finir, tout le monde, ou presque, doit retrouver le chemin de l'école, y compris dans les zones « orange » où les lycéens seront a minima « entendus » en entretien personnalisé. Restent des collégiens dont on ne sait pas vraiment s'ils retourneront tous en classe, puisque cela dépend non plus des décisions de l'Etat mais des établissements… Il ressort de toutes ces mesures une absence de cohésion, sentiment que vient renforcer la gestion communale des 2S2C, comme s'il s'agissait de simples activités extrascolaires prises en dehors du temps scolaire !