Équiper son enfant de son premier téléphone

Initiée après l’odieux hashtag #anti2010, et lancée en 2021 par Internet sans crainte, l’opération #Bienvenueles6e est reconduite pour la 2e année, en partenariat avec la FCPE.

“C’est vrai que nous constatons une démarche assez contradictoire chez les parents. La première raison qui les motive à équiper leur enfant d’un smartphone, ce sont des enjeux de sécurité : ils veulent être informés de l’endroit où il se trouve. Or, laisser un smartphone à un enfant sans l’avoir sécurisé, c’est précisément le mettre en situation d’insécurité, décrypte Axelle Desaint, directrice générale d’Internet sans crainte. Il y a moins de risque à le laisser se déplacer seul sans smartphone. La probabilité qu’il lui arrive quelque chose est minime. En revanche, lui donner un équipement numérique sans avoir eu une discussion avec lui, sans lui avoir fixé un cadre d’utilisation et des outils d’accompagnement, c’est le placer dans des situations de danger réelles ». Pour la 2e année, Internet sans crainte lance ce mois-ci et jusqu’en octobre l’opération #Bienvenueles6e, afin d’accompagner les élèves et leurs parents à franchir cette délicate transition, que l’on pourrait appeler la “puberté numérique”. En effet, le numérique devient omniprésent, que ce soit pour les loisirs (musique, vidéos, jeux, mais aussi réseaux sociaux) ou la vie scolaire (environnement numérique de travail, manuels numériques). L’an der-nier, 2 500 ateliers ont ainsi été réalisés dans des classes de 6e, touchant environ 60 000 élèves. Et plus de 2 000 familles ont téléchargé le kit qui leur était proposé. « La nouveauté cette année, poursuit Axelle Desaint, c’est que nous voulons accompagner la réflexion des parents sur la nécessité ou non de donner un téléphone à leur enfant. Notre enquête1 montre que seulement 21 % des parents d’élèves de CM1, CM2 et 6e déclarent avant l’été trouver “normal” d’équiper son enfant en smartphone à sa rentrée en 6e. Pourtant, ils seront une majorité à franchir le cap en septembre. Ce qui signifie qu’ils cèdent à une pression sociale, alors qu’ils ne sont pas forcément convaincus. Avec cette campagne, nous voulons les rassurer, les déculpabiliser. L’idée n’est pas de dire : “On est un bon parent parce qu’on résiste, ou on est un mauvais parent parce qu’on cède”. L’enjeu, c’est d’avoir les bons outils pour discuter avec son enfant, lui apprendre à gérer son temps, son identité numérique, et le protéger contre le cyber-harcèlement ».

56 % des parents se disent stressés

Si les parents sont nombreux (68 %) à ne pas se sentir suffisamment outillés, s’ils n’hésitent pas à exprimer leurs inquiétudes (5 % d’entre eux se disent stressés, 26 % dépassés), ils se disent cependant combatifs (32 %) et recherchent des conseils concrets pour mettre en place à la maison un cadre sécurisant et approprié. Cette année encore, des fiches pratiques seront diffusées aux parents. À l’intérieur, des conseils pour que son enfant adopte les bons réflexes, des vidéos pour engager le dialogue avec lui, des activités à réaliser ensemble, comme tester des mots de passe sécurisés, se questionner sur les photos que l’on pourrait partager ou non sur les réseaux sociaux… « Il existe peut-être encore ce mythe que nos enfants sont plus compétents avec le numérique, qu’ils ont des choses à nous apprendre.  Alors que non, ils ne connaissent pas les règles, ils peuvent se mettre en danger sans le savoir. Il faut rassurer les parents sur le fait que leurs enfants ont encore besoin d’eux », conclut Axelle Desaint.

(1) Enquête “#Bienvenueles6e” d’Internet sans crainte réalisée en ligne en juin 2023, avec le soutien de la FCPE.