
Une étude sur la santé des jeunes révèle qu’un tiers d’entre eux ont un syndrome anxio-dépressif
Un tiers des jeunes présentent des signes de détresse psychologique
Avec 17 000 participants, l’étude Mentalo confirme que si la moitié des 11-24 ans déclarent se sentir bien mentalement, plus d’un tiers des jeunes présentent des signes de détresse psychologique de type anxio-dépressif modéré à sévère (DMS). Elle révèle que les filles sont presque 2 fois plus touchées que les garçons (45 contre 27%) et que le passage au lycée est un moment charnière (augmentation de 50%). Ce mal-être augmente avec la position économique et sociale ressentie. En effet, parmi ceux déclarant avoir une famille “vraiment en difficulté financière”, 7/10 présentent une DMS contre 3/10 chez les plus aisés. Au-delà de situation financière des parents, l’ambiance familiale a aussi son importance. Pour ceux dont elle est mauvaise ou très mauvaise (1/10) ou qui s’entendent mal avec leurs parents, les chiffres de DMS potentielle sont multipliés par près de 4 par rapport à ceux vivant dans une très bonne ambiance. De façon relativement percutante, le sentiment de solitude décrit chez 40% des jeunes est associé à un fort mal être puisque 2/3 présentent des signes de DMS. Ce sentiment de solitude augmente avec l’âge (1/4 des collégiens contre la moitié des étudiants et jeunes adultes). De façon générale, 8 jeunes sur 10 se sentent préoccupés et cela a un retentissement important sur leur bien être mental. Parmi les jeunes qui déclarent avoir des préoccupations, près de la moitié (47%) présentent une DMS, contre seulement 10% chez ceux qui n’en ont pas.
La scolarité et l’avenir, sources d’angoisse
La scolarité et l’avenir sont les sujets de préoccupation majeurs. La pression à la réussite ressentie et la façon dont est décidée l’orientation (à relier notablement au système de Parcoursup chez les lycéens) participent à la dégradation de la santé mentale des jeunes. Parmi ceux qui ressentent beaucoup de pression (près de la moitié), plus des 2/3 présentent une DMS alors qu’ils ne sont que 19% chez ceux qui ne ressentent aucune pression. Ceci est à mettre en relation avec les fluctuations saisonnières observées au cours de l’année. Les jeunes vont mieux pendant les vacances et le mal-être réapparait à la rentrée.
Usage des écrans et manque de sommeil
L’utilisation des écrans a une relation forte au bien être mental des jeunes. Plus ils lui consacrent de temps, moins ils vont bien mentalement. Un quart des jeunes passent plus de 5h sur les écrans dont 9% plus de 7h et parmi ces derniers 60% ont un risque de DMS. Ceci va de pair avec une dégradation de la qualité et de la quantité de sommeil : les 62% qui regardent très fréquemment les écrans après 22h (20h pour les collégiens) sont près de la moitié à présenter une DMS (45%), contre seulement 1/10 chez ceux qui le font occasionnellement, soit près de 5 fois moins, et les 15% qui dorment moins de 6h vont deux fois moins bien que les autres (plus de 2/3 de DMS). Ce dernier point est tout de même à nuancer : les jeunes vont mieux quand leur activité principale sur les écrans est consacrée à avoir des activités culturelles et sportives ou faire des recherches et s’informer que lorsque c’est pour suivre des influenceurs ou regarder des vidéos au hasard ou en continu (short, réels…). Lorsqu’ils déclarent une potentielle dépendance, 40% d’entre eux estiment que leur bien-être mental en est fortement altéré (augmentation de 50% des DMS) et cette dépendance est le plus souvent en relation avec les écrans. Plus de 1/5 (21%) seraient addicts aux réseaux sociaux, 1 sur 7 (15%) aux jeux vidéo, 1 sur 10 serait addict au porno. Ces chiffres diffèrent selon le sexe et l’âge. Ainsi, il existe une nette prédominance chez les garçons pour les addictions aux jeux vidéo et à la pornographie, les jeux vidéo diminuant avec l’âge quand la pornographie augmente pour atteindre potentiellement 25% chez les étudiants.
La famille et la socialisation, leviers essentiels du mieux-être mental
Les 11-24 ans ne se sentant pas seuls ou dans une ambiance familiale qui n’est pas mauvaise sont deux fois moins nombreux à passer plus de 5h sur les écrans (près d’un tiers d’entre eux). De même la pratique d’activités culturelles et sportives est un facteur de bien-être mental et est en relation avec un moindre temps d’écran.
Libérer la parole des jeunes, premier pas d’un accompagnement au mieux-être mental
Si près de la moitié des jeunes parle parfois à quelqu’un de leur mal-être, un quart d’entre eux n’en parle jamais, principalement parce qu’ils ont honte ou n’osent pas en parler, illustrant bien le besoin de « normaliser » le fait de parler de son bien être mental, préalable important à toute initiative de prévention ou restauration de la santé mentale.
Infos pratiques
MENTALO est une étude nationale coordonnée par l’Inserm et l’Université Paris Cité. Elle interroge les jeunes de 11 à 24 ans via une application gratuite, ludique et confidentielle. Les résultats permettront de mieux comprendre les leviers du bien-être mental, de construire des recommandations et de nourrir les politiques publiques de santé mentale.