Redoublement : où le ministre veut-il en venir ?

Le nouveau ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, a dit son intention de « revenir en arrière » sur la question du redoublement. A quoi faut-il s’attendre ? On fait le point.

Les propos du nouveau ministre dans les colonnes du Parisien, le 8 juin dernier, se résument-ils à un effet d’annonce ? Ils laissent en tout cas bon nombre d’observateurs circonspects… Petit rappel des faits : il y annonce son intention « d’autoriser à nouveau » le redoublement, précisant qu’ « il n’est pas normal de l’interdire », mais préconise son usage « dans des cas qui doivent rester rares ». Pourtant – et c’est bien là que le flou apparaît – il n’a jamais été question d’interdiction. En effet, dans le décret du 18 novembre 2014 souhaité par Najat Vallaud-Belkacem (et attendu depuis plusieurs années par la FCPE), il est décidé de limiter le redoublement (non de l’interdire) à « des cas exceptionnels », soit deux situations précises : en cas de « rupture importante des apprentissages » (absence prolongée de l’élève ; une maladie par exemple) ou si l’élève n’a pas obtenu l’orientation souhaitée en fin de 3e ou de première ; une disposition baptisée « maintien dans la classe d’origine ». Le décret contient aussi des modalités de repérage et d’accompagnement des élèves en difficulté, elles-aussi vivement réclamées par la FCPE, afin de conduire chaque élève vers la réussite.

« Le redoublement doit rester exceptionnel »
Une avancée donc, même si trois ans après, les parents le constatent sur le terrain : le compte n’y est pas en matière de prise en charge des difficultés scolaires. C’est pourquoi, plutôt que de « revenir » sur le redoublement, la FCPE préconise aujourd’hui d’aller jusqu’au bout de la mesure, c’est-à-dire de développer la différenciation pédagogique au sein de la classe et de renforcer la formation des enseignants en termes d’accompagnement individuel.
Quant au redoublement, « il doit rester exceptionnel et nous y veillerons ! », indique Hervé-Jean Le Niger, vice-président de la FCPE. Rappelons que de nombreuses études montrent sa non-efficacité, voire ses effets délétères – quel intérêt y’a-t-il à refaire faire de la même façon à un élève ce qu’il n’a pas compris et/ou réussi l’année d’avant ? – sans compter le découragement ressenti par les élèves, qui bien souvent se sentent exclus et vivent le redoublement comme un traumatisme. »

Chiffre-clé

8000 euros, c’est le coût d’un redoublement au collège. Un coût qui s’élève à 10 500 euros au lycée sans que son efficacité pédagogique ne soit prouvée. C’est pourquoi la FCPE demande à ce que l’argent dégagé par la limitation du redoublement soit réinjecté dans l’accompagnement des élèves.
8000 euros c’est le coût d’un redoublement au collège