Parcours Sup, un Kinder surprise qui fait flop !

En quelques semaines, les universités ont dû établir la liste des connaissances, compétences et aptitudes requises pour qu’un bachelier puisse postuler à telle ou telle formation. Conséquence : des critères plus ou moins douteux font surface, mettant à mal le principe d’équité, tant promis par le gouvernement à la présentation de son Plan Etudiants.

Bis repetita. On croyait tous les problèmes résolus après la mise à la corbeille du logiciel Admission post bac, et voilà que la miraculeuse plateforme Parcours Sup, à peine mise en ligne, agace, angoisse et montre déjà quelques failles. Evidemment, les partisans du nouveau dispositif pourront trouver que les mécontents font trop de bruit, trop vite, mais quand il s’agit de l’avenir des jeunes, aucun bug n’est acceptable.
Depuis lundi 22 janvier, les élèves ont pu commencer à remplir leurs vœux sur Parcours Sup. Les premiers témoignages arrivent. Pour certaines filières, les attendus de certaines universités ne sont pas précisés, quand d’autres ont d’ores et déjà décliné leur propre algorithme pour sélectionner les élèves. Des précisions manquent aussi sur les dispositifs de remise à niveau, puisque, faute de budget, certaines facs ne peuvent remplir cette condition. Sans compter les problèmes de capacités d’accueil, qui ne trouveront pas de solution, au regard de l’investissement accordé au supérieur.
Côté lycées, les mesurettes prévues pour accompagner les élèves dans la construction de leur parcours de poursuite d’études ne sont pas opérationnelles. « Les deux semaines consacrées à cette question en terminale ne peuvent suffire, insiste Liliana Moyano, présidente de la FCPE. Et il est faux de croire que le conseil de classe va se transformer, d’un coup de baguette magique, en une instance d’accompagnement pédagogique ».
Alors, la FCPE, en partenariat avec l’Union nationale lycéenne, l’Unef et Plus passerelle, a pris ses responsabilités et rouvert son site SOS inscription pour aider les jeunes individuellement et répondre à leurs nombreuses questions sur la procédure. Plus tôt que d’habitude, et avec un formulaire de contact spécifiquement dédié aux parents.
Face aux risques de dérives autour des critères d’analyse des dossiers, les organisations étudiantes, lycéennes et enseignantes ont également décidé d’appeler à la mobilisation le 1er février prochain. La FCPE a choisi de soutenir cette journée d’action, en cohérence avec ce qu’elle a toujours défendu : le droit à l’éducation pour tous. Principe qu’elle n’a eu de cesse de répéter lors des concertations organisées par le ministère de l’Enseignement supérieur. Et qu’elle va continuer de porter dans les semaines qui viennent auprès du ministère de l’Education nationale.
En parallèle, elle continue sur le terrain son travail de vulgarisation auprès des parents, en diffusant des informations concrètes sur les changements majeurs de Parcours Sup. Voici un extrait des points de vigilance à garder en tête.

1. Les vœux
APB : Les élèves pouvaient formuler jusqu’à 24 vœux en les classant par ordre de préférence.
Parcours Sup : Les élèves peuvent saisir 10 vœux maximum, sans classement. Ils peuvent expliquer leurs préférences dans un espace dédié.
L’avis de la FCPE : Le classement sur APB donnait lieu à des stratégies, plus ou moins efficaces, pour obtenir la formation souhaitée. Cela jouait souvent des tours aux élèves et favorisait l’autocensure. Le nouveau système, mis en place par Parcours Sup, pose la question du traitement des dossiers. Ce travail sera considérable pour les universités puisqu’elles devront analyser l’ensemble des dossiers sans priorité : un dossier sera étudié 10 fois, voire 20 fois, avec les sous-vœux rendus possibles. Le risque est que les universités développent des algorithmes pour trier les élèves selon les notes uniquement.

2. Les attendus
APB : Aucun attendu n’avait été défini, l’obtention du baccalauréat était la seule condition pour accéder à l’enseignement supérieur.
Parcours Sup : Les élèves doivent répondre à certains critères pour être admis dans la formation qu’ils envisagent. Ces attendus sont définis par les universités.
L’avis de la FCPE : Ces attendus posent finalement davantage de problèmes qu’ils n’en résolvent. Si un cadre a été posé nationalement (notes, appréciations, avis du chef d’établissement, activités extrascolaires), les universités déclinent localement leur propre grille d’analyse pour départager les dossiers. Certaines filières ont fait le choix de ne rien ajouter, d’autres ont durci leurs demandes, notamment dans les filières en tension. Une nouvelle source d’inégalités entre les élèves, et une sélection intolérable.

3. L’avis des proviseurs
APB : Des échanges en conseil de classe permettaient au chef d’établissement de rendre un avis sur les vœux des futurs bacheliers.
Parcours Sup : Pour chacune des formations, une fiche Avenir sera remplie par le chef d’établissement dans le logiciel Parcours Sup. Les fiches seront accessibles aux élèves à partir du 22 mai, date où ils recevront les retours à leurs demandes d’affectation.
L’avis de la FCPE : Le conseil de classe, parce qu’il réunit toute la communauté éducative, est un lieu pertinent pour discuter du projet post bac de l’élève. Cependant, au regard des pratiques actuelles, il est à craindre que les conseils de classe jugent plutôt qu’ils ne conseillent les jeunes sur leur projet. Les représentants de parents auront un rôle majeur à jouer pour éviter ce type de dérives.

Infos pratiques

Retrouvez en une infographie les grandes étapes de la procédure Parcours Sup pour les élèves de terminale.