Numérique : la protection des données doit rester la règle

La direction du numérique pour l’éducation (DNE) vient d’autoriser l’ouverture aux géants du web des annuaires des établissements scolaires. La FCPE fustige une démarche qui met à mal la protection des données des élèves.

La consigne date du 12 mai dernier : elle rend possible la mise à disposition aux fameux « Gafam » – entendez Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft – des données personnelles des élèves et des enseignants. Pour la FCPE et de nombreux autres acteurs de l’éducation, une ligne jaune vient d’être franchie. « Certes la diffusion des usages du numérique dans l’enseignement constitue un levier de modernisation de l’école, note Liliana Moyano, présidente de la FCPE. Mais la sécurisation des données des élèves est un principe qui doit demeurer, y compris par la souveraineté des données scolaires, c’est-à-dire le stockage de ces données sur des serveurs en territoire national. » Pour la FCPE, cette sécurisation passe également par une anonymisation des adresses des élèves (ce qui ne semble pas être le cas dans la communication de la DNE) : un principe simple qui permet notamment de se prémunir contre le harcèlement et le « phishing » (ou hameçonnage), c’est-à-dire l’envoi massif de mails frauduleux demandant de l’argent ou des informations personnelles.

Une lettre adressée au ministère
Dans une lettre adressée le 7 juillet au ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer et au secrétaire d’état au Numérique, Mounir Mahjoubi, la FCPE et d’autres organisations font état de leur inquiétude. Elles s’étonnent notamment du fait que l’autorisation en question contrevienne aux principes mêmes du service public de l’éducation. Dans un avis du 23 mai 2017, la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) rappelle notamment que le ministère de l’Éducation nationale se doit de « garantir de façon effective et contraignante la protection des données personnelles traitées dans le cadre de ces services » proposés en particulier par les grands fournisseurs du Web.
Dans ce contexte, les signataires appellent de leurs vœux des éclaircissements rapides. Avec notamment cette question : comment le pouvoir entend-il répondre à la nécessité de fixer un cadre de régulation adapté qui protège de façon effective les données personnelles des élèves et des enseignants ? 
 

Chiffre-clé

7 : c’est le nombre d’organisations signataires de la lettre du 7 juillet adressée au ministre de l’Éducation nationale et au secrétaire d’état au Numérique. Outre le FCPE, on retrouve l’association CREIS-Terminal, l’Enseignement public et informatique (EPI), la Fédération des parents d’élèves de l’enseignement public (PEEP), la Ligue des droits de l’Homme (LDH), la Ligue de l’enseignement et la Société informatique de France (SIF).
7 7 organisations écrivent au ministre de l'Education nationale