Elles se battent pour leurs droits !

Lors de la Journée des présidents qui se déroulait samedi 25 janvier 2020 à l’Assemblée nationale, une partie de l’après-midi a été consacrée à un débat entre 5 jeunes filles engagées et les présidents départementaux de la FCPE. Petit retour sur ces échanges.

« On a 5 ans, nos mères viennent de nous dire d’enfiler un sweat parce qu’un homme passera bientôt à la maison, il faut que l’on se couvre. On a 7 ans, des garçons n’arrêtent pas de nous courir après dans la cour de récréation et nous jettent des pierres, on est vexées. Nos meilleures copines nous rassurent “Mais les filles, ils vous aiment bien ! Vous savez les garçons ils sont méchants avec les filles qu’ils apprécient”. On a 10 ans, un homme de la trentaine nous suit chaque jour en rentrant de l’école, s’écriant « Bébé, bébé ! » tout en nous répétant qu’il aime nos fesses, nos corps. (…) On a 12 ans, et on nous dit de porter un peu plus de maquillage – il est temps de devenir femme. Quelques jours après, un homme nous harcèle. “Peut-être que vous ne devriez pas vous maquillez ainsi, ni porter de leggings, vous recherchez forcément l’attention”. On a donc commencé à porter des sweats. Plus tard, à l’âge de 14 ans, des garçons nous agressent en réunion, dans un parc – c’était pour notre bien. Il fallait nous “décoincer”. On a 17 ans, nos premiers amoureux nous mettent un coup de poing car un homme nous a regardées – apparemment, on aurait provoqué son regard. »
C’est ainsi que Shanley Clemot commence son intervention, en résumant avec ses mots le sexisme dont les jeunes filles sont victimes dès leur plus jeune âge. Son discours concluait la prise de parole de ces jeunes, toutes militantes, toutes femmes, toutes très décidées à changer les choses. Shanley Clemot avait organisé une grève dans son lycée suite à des cas de harcèlement de lycéennes et elle est aujourd’hui toujours engagée pour défendre les droits des jeunes filles, lutter contre le harcèlement, pour l’égalité femme-homme.
 
Prendre en compte la parole des jeunes
Héloïse Moreau, la présidente de l’UNL, a rappelé que l’école était un lieu d’apprentissage pour les enfants. Elle a souligné l’importance d’une plus grande horizontalité, la nécessité d’organiser une éducation par les pairs afin d’apprendre le principe de citoyenneté, de démocratie et de valoriser la parole des jeunes. Elle a également mis en exergue la difficulté pour les jeunes de s’impliquer dans l’école, ce qui pose la question de la démocratie, de la représentation de la parole des élèves dans les différentes instances scolaires.
Nina Didon, secrétaire nationale de l’UNL et lycéenne à Sevran, a commencé par expliquer que la parole des jeunes était brimée, en particulier celle des lycéens de la voie professionnelle. Elle a rappelé qu’ils manquaient de personnels encadrant, et que cela était l’une des raisons de leur décrochage. Elle est ensuite passée à son vécu personnel dans son lycée, parlant des violences policières, des pressions de l’administration, du désintérêt de ces mêmes personnels pour les jeunes en très grande difficulté comme ces jeunes filles qui se prostituent derrière son lycée. Elle a aussi fait état des propositions sur lesquelles ils travaillent, comme l’école horizontale, une plus grande sensibilisation à l’écologie, la nécessité de faire venir davantage de personnes extérieures, de mieux lutter contre le harcèlement, de proposer des protections périodiques gratuites aux jeunes filles…
 
Permettre aux lycéens de davantage s’impliquer
Chloé Riazuelo, présidente de la Fédération des Maisons des lycéens (FMDL), parle en tribune de ces maisons trop souvent méconnues, qui forment les jeunes sur de nombreuses thématiques et se demande comment on peut aller encore plus loin. Elle explique qu’il est important de créer un cadre bienveillant et sûr qui permette aux jeunes et en particulier aux femmes de prendre la parole sans subir de railleries, de s’émanciper, de participer à la vie politique… Toutes ces compétences ne sont pas apprises en cours, et Chloé insiste sur la nécessité de promouvoir la transmission de ces savoirs et de ces connaissances par les pairs. Les maisons des lycéens permettent de renforcer la place de l’éducation populaire au sein des établissements.
L’engagement, si complémentaire de l’école, c’est aussi le choix fait par Célia Etard, membre de l’association des Jeunes ambassadeurs pour le climat. Elle organise des interventions au sein des collèges, lycées et universités pour transmettre des informations sur le changement climatique, le développement durable, d’une façon moins conventionnelle que l’école, avec davantage de proximité avec les élèves. L’association dont elle fait partie met en place des formations interactives, pour que, in fine, l’école devienne un lieu moins carboné et où tous ses acteurs prennent conscience de leur impact sur l’environnement.
Les présidents FCPE présents dans la salle ont dialogué avec ces jeunes filles, échangé sur leurs expériences, leurs vécus, afin de mieux comprendre quels étaient leurs objectifs, leur vision de l’école de demain. Des échanges bienveillants qui ont permis de clôturer cette journée sur une note optimiste : la relève militante est plus qu’assurée !