Du nord au sud : des parents mobilisés

1 500 postes seront supprimés à la rentrée 2023, la colère des parents gronde dans les différents départements touchés par les suppressions de postes. Le 9 mars dernier, la FCPE a organisé une conférence de presse pour alerter les journalistes sur la situation catastrophique aux quatre coins de l’hexagone et en outre-mer. Urbains, ruraux, zones d’éducation prioritaire, tour de France d’une dizaine de territoires qui risquent de vivre une rentrée vraiment difficile en septembre prochain.

 

 

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L’Ain

Avec une démographie en hausse de 1 %, la dotation est à zéro, c’est-à-dire nulle. En résumé, nous avons plus d’élèves et moins de postes. Par ailleurs, dans l’Ain, il y a toute la problématique des territoires frontaliers avec la Suisse où l’école est payante et le salaire des enseignants sans commune mesure avec ce qui est pratiqué en France. Au quotidien, nous observons le mal-être des enseignants voire leur burn-out car dans les territoires ruraux ce qu’on leur demande devient beaucoup trop compliqué ! 

Caractéristiques : département urbain et rural

 

Brochon en Côte-d’Or

A Brochon, c’est un collège rural qui subit de plein fouet les suppressions de postes dans la campagne sud de Dijon. Depuis 2017, les effectifs ont diminué. Conséquence : la DHG a été amputée de 70 heures donc à peu près de 3 classes. En troisième, les élèves sont entre 29 et 30 élèves par classe. Très compliqué de préparer leur entrée en seconde dans ces conditions. Cette diminution de DHG a pour conséquence la fin des dédoublements en 4e pour les langues ou la SVT. Et quand un prof s’en va, il part avec l’option qu’il assurait, comme par exemple l’option « Math euro », qui n’a pas été remplacée avec le départ de l’enseignant qui s’en chargeait !

Caractéristiques : Collège La Champagne en REP, territoire rural

 

Les Ternes dans le Cantal

Le Cantal a subi à la rentrée 2022, la suppression de 5 postes. Cette année, accélération : ce sont 12,5 postes en moins annoncés pour la rentrée. L’an dernier, l’école primaire Les Ternes comptait 42 élèves répartis sur 3 classes soit 14 élèves par classe. L’académie prévoit une baisse à 34 élèves et a donc supprimé un poste. Désormais, les deux enseignants restants auront chacun 4 niveaux scolaires à gérer. Cette suppression va considérablement modifier les conditions d’enseignement. Sorties scolaires, accueil des élèves handicapés, organisation de l’aide personnalisée …tout deviendra plus compliqué ! Sans oublier que l’un des effets collatéraux des suppressions de postes est la déportation des parents vers d’autres communes voire même vers le privé….

Caractéristiques : Les Ternes, école primaire, territoire rural

 

Béziers dans l’Hérault

La ville de Béziers est une commune urbaine qui accueille beaucoup d’élèves nouvellement arrivées à Béziers. Il y a aussi régulièrement des départs. Ces mouvements impactent les effectifs du collège-lycée Henri IV. Suppressions de deux classes annoncées pour la rentrée prochaine : - une classe de seconde, - une classe de première. Ces deux suppressions vont avoir des incidences sur les choix des enseignements de spécialité. Par ailleurs, le collège qui a un indice IPS extrêmement bas accueille des élèves tout au long de l’année. Ces derniers sont susceptibles par la suite d’intégrer le lycée… Et pourtant, des classes sont supprimées au lycée !

Caractéristiques : Béziers, Collège-Lycée Henri IV en REP, territoire urbain

 

La Loire-Atlantique

La principale conséquence des effets de seuil c'est d'avoir des effets délétères sur la qualité de l’enseignement. Des suppressions de postes en primaire, ce n’était jamais arrivé dans le département de Loire-Atlantique depuis des années. Les pays de la Loire comptent 3 000 élèves en moins d’après les prévisions du rectorat, ce qui aboutira à une suppression de 118 postes sur les trois départements. Concernant la Loire-Atlantique, il y aura 22 postes en moins pour 743 élèves en moins à la rentrée. Si le taux d’encadrement n’est pas si mauvais (P/E = 5,72) ; ce qui préoccupe les parents ce sont les conditions de travail qui se sont beaucoup dégradées : grande hétérogénéité des publics accueillis, accueil des enfants en situation de handicap. Il manque une véritable réflexion sur comment rendre effective et positive cette inclusion scolaire. Une fois encore ce sont les élèves les premières victimes de ces suppressions de postes !

Caractéristiques : Loire-Atlantique, département urbain et rural

 

L’Oise

Dans l’Oise, ce sont 70 classes qui vont fermer dans le premier degré. On a +2% de fermetures en plus et seulement 1,7% des effectifs en moins. Avec en plus de cela, un manque d’AESH chronique. On promet des moyens aux parents pour la rentrée mais les parents savent que ce n’est pas vrai. Les candidats pour occuper les postes d’AESH ne sont pas au rendez-vous. C’est à l’Education nationale de prendre les mesures nécessaires pour que l’ensemble des postes AESH soient pourvus dans tous les établissements. Si ce n’est pas le cas, la FCPE demandera la suspension des fermetures de classes. Des petites victoires FCPE existent, comme cette année, après trois ans de lutte: la réouverture d’une Segpa fermée il y a 6 ans…

Caractéristiques : L’Oise, département urbain et rural.

 

Arras dans le Pas-de-Calais

A Arras, la cité scolaire Carnot-Gambetta (Collège + lycée général + lycée technologique, classes prépa + internat) accueille 1100 élèves qui viennent des 70 communes rurales voire très rurales avoisinantes. L’an dernier, 4 classes ont déjà été fermées. Cette année deux classes en moins sont annoncées à la rentrée. Cette décision se fonde sur une estimation démographique à la baisse qui reste sujet à discussion… C’est un indicateur qui reste important mais qui n’est pas suffisant pour justifier la suppression de classes et de moyens. Avec des conditions de travail détériorées, une lassitude et une fatigue des enseignants grandissante, l’Education nationale fait complètement l’impasse sur le bien être des élèves. Pourtant, on ressent encore dans les résultats scolaires, les effets post covid. Quid de la santé mentale des élèves quand on sait que l’établissement a dû faire face au suicide de deux élèves cette année ?

Caractéristiques : Arras, la cité scolaire Carnot-Gambetta situé en villes qui accueille des élèves domiciliés dans des communes rurales

 

Molsheim dans le Bas-Rhin

Une classe de 6e et une classe de seconde sont supprimées au prétexte qu’il y aura 3 élèves et 7 élèves en moins à la rentrée. Or, des élèves de l’Ulis et de la Segpa sont intégrés dans les classes ordinaires Avec 34 élèves par classe en seconde, comment accueillir les élèves à besoins spécifiques en plus de l’effectif habituel ? Pourtant, l’établissement est très demandé grâce à la section bilingue, la section sportive foot, et aussi triathlon. Ces suppressions qui risquent de provoquer des refus d’inscription des élèves dans les sections spécifiques. D’autant qu’un programme immobiliser prévoit l’arrivée de 120 nouvelles familles dans le secteur.

Caractéristiques : Molsheim, Collège-lycée Henri Meck, territoire urbain

 

Paris

A, Paris, dans le public 175 classes seront fermées. La majorité des fermetures de classes ont lieu dans les quartiers les plus populaires là où vivent les élèves les plus fragiles… Le privé est mieux loti, il ne subira que 17 fermetures… Les classes UPE2A, élèves allophones, et les classes Ulis sont complètement surchargées. Les 54 classes UPE2A existantes accueillent 1000 élèves et sont amenées à accueillir de nouveaux élèves arrivant sur Paris tout au long de l’année scolaire. Or, dès le mois de décembre, ces classes sont totalement surchargées. Pour la FCPE, il est urgent de prévoir des ouvertures de classes UPE2A. Au lieu de cela, le rectorat gère les effectifs en mettant en attente les élèves pendant trois mois, de passer le test de langue auprès à la CASNAV… Le rectorat assure ne pas fermer d’UPE2A mais comment l’inclusion peut-elle se faire dans de bonnes conditions, si les classes qui accueillent partiellement les élèves pour parfaire leur apprentissage du français, sont quant à elles complètement surchargées…. On observe la même situation pour les Ulis…. Sans parler du manque d’AESH, sur Paris où 200 postes sont vacants. De fait, ces élèves ces enfants qui ont besoin de plus attention ne pourront pas être accueillis.

Caractéristiques : Paris 18e et 19e, écoles Houdon et Tandou, territoire urbain

 

Les Hauts-de-Seine

Chaque année les parents du département se mobilisent en élémentaire, au collège et au lycée pour sauvegarder les postes et des heures d’enseignement. Et tous les ans, à chaque rentrée scolaire, entre 300 et 1000 élèves ne sont pas scolarisés parce qu’ils ont « commis l’erreur » de louper leur bac. Parfois ces élèves sont sur le carreau jusqu’à la rentrée des vacances d’automne si ce n’est pas plus tard ! Au collège André Malraux, situé en REP à Asnières-sur-Seine ce sont 30 élèves en moins qui aboutissent à la suppression de 84 heures. Les parents sont plus que jamais mobilisés pour que l’académie fasse marche arrière.

Caractéristiques : Hauts-de-Seine, André Malraux, en REP, territoire urbain

 

La Martinique

Pour la rentrée 2023, les estimations sont de 35 postes supprimés dans le premier degré et de 56, pour le second degré. L’argument avancé est la baisse démographique. Pourtant ce dont on ne parle pas, ce sont des jeunes (environ 30% des effectifs) qui sont en difficulté de lecture dans le système scolaire. Il serait peut-être judicieux de dégonfler certaines classes pour faire travailler les plus en difficulté. Manque de personnels : psys, AESH… Les élèves handicapés et allophones ne sont pas accompagnés correctement !

Caractéristiques : Martinique, territoire ultra-marin