Comment dégoter son stage de 3e ?

D'une durée de 3 à 5 jours, le stage en entreprise est obligatoire en classe de 3e. Selon le choix de leur collège, les élèves doivent l’effectuer entre décembre et février. Souvent perçu par l’élève et sa famille comme un premier parcours du combattant, il est pourtant l’occasion de se confronter pour la première fois aux réalités d’un métier qui fait envie sur le papier. Guillaume Perennes, de l’association Viens voir mon taf, donne quelques astuces pour mettre toutes les chances de son côté.

Guillaume PerennesPour trouver son stage de 3e, la première démarche est-elle de solliciter son réseau ?
Oui, bien sûr ! Ce sera toujours la solution la plus efficace : faire appel à son réseau, ses parents, les amis de ses parents, les professeurs, les animateurs que l’on connaît… C’est l’étape numéro 1. Si c’est sans succès, il faut ensuite déterminer ce que l’on a envie de découvrir comme métier, aller sur Internet et chercher des contacts. Si on veut faire son stage dans un garage, on cible ceux aux alentours et on les appelle. Voire on s’y rend pour déposer son curriculum vitae et sa lettre de motivation. Souvent, les jeunes y accordent peu d’attention, mais c’est souvent elle qui est déterminante. L’important est de donner envie à la personne qui la reçoit de leur accorder un premier entretien. Autre conseil : se préparer à essuyer un refus. Pas facile pour le collégien, mais il faut l’aider à surmonter un « non » et lui répéter qu’il suffit d’un seul « oui » !

Pas facile non plus de rédiger son CV à 14-15 ans… Que peuvent-ils mettre en valeur ?
Les élèves rédigent leur CV comme les adultes. Le cursus scolaire est à détailler : le nom de leur collège, les options qu’ils suivent. Mais ils peuvent aussi noter des éléments extrascolaires, comme une passion. S’ils jouent beaucoup à des jeux vidéo et qu’ils ont des notions de code, ils le valorisent. S’ils produisent des vidéos, ils peuvent mettre le lien de leur chaîne youtube et l’employeur pourra aller la visionner. S’ils dessinent, il est tout à fait possible de joindre son book. Chaque jeune a des qualités à valoriser.

Comment expliquez-vous cette difficulté pour les adolescents à mener à bien cette première séquence de découverte professionnelle ?
Ils s’autocensurent beaucoup. Ils considèrent que ce n’est pas pour eux, c’est trop beau ou trop dur, trop loin aussi. La mobilité géographique est souvent un premier frein dans leur recherche. La question du genre est une deuxième raison. Beaucoup de filles s’orientent automatiquement vers les carrières sanitaires et sociales. Ce serait bien que les parents, les professeurs déconstruisent les préjugés : « Ce n’est pas parce que tu es une fille qu’il y a une voie qui est destinée pour toi ». La clé, c’est d’oser, je crois. Ce n’est que le stage de 3e, il n’y pas un enjeu majeur. C’est peut-être le seul moment de leur vie où ils pourront approcher facilement des milieux qui les intéressent. Ils doivent aussi garder en tête que beaucoup de professionnels aiment recevoir des élèves de 3e. C’est intéressant, mobilisant, dynamisant.
Et souvent, quand une structure est sollicitée, elle répond oui. Et il ne faut pas hésiter à explorer des voies méconnues. Exemple : les magasins de sport reçoivent des centaines de candidatures de stages, alors que des laboratoires du CNRS et d’université en reçoivent très peu. Un élève de 3e, un peu débrouillard et qui prend son courage à deux mains, peut trouver sur le site des universités le mail d’un responsable de laboratoire pour poser quelques questions. En général, les gens répondent. Ils savent que ce n’est pas très long, ni très lourd et que ça peut aider.
Enfin, il existe énormément de ressources mises à la disposition des élèves et ils en profitent très peu. Dans tous les collèges, le documentaliste est là pour les accompagner et les guider.

Une dernière recommandation pour que le stage soit une vraie plus-value ?
Ne pas attendre de s’ennuyer pour discuter avec son tuteur ou sa tutrice. Si aucune tâche intéressante ne lui est confiée, il peut être proactif. Chez un architecte, proposer d’étudier une maquette ou chez un éditeur, tester des livres. L’élève de 3e peut aussi être une ressource. Tout le monde sait qu’ils sont en 3e et qu’ils ne savent pas. S’ils font des erreurs, elles leur seront utiles par la suite.

Infos pratiques

• Permettre à des jeunes de REP sans réseau de découvrir le métier qui les fait rêver pendant 5 jours, lors de leur stage de troisième. C’est l’objectif de la plateforme Viens voir mon taf. Les professionnels motivés peuvent postuler pour proposer un stage aux collégiens, et eux, candidater.
• Face aux difficultés rencontrées par certains jeunes dans leur recherche de stages, certains conseils locaux FCPE ont développé des bourses aux stages. N’hésitez donc pas à contacter les représentants de votre établissement pour connaître les modalités de cette mise en relation.