Protocole du 3 janvier 2022 : les moyens ne sont toujours pas à la hauteur !

Après quinze jours de vacances, et alors que le pic de la cinquième vague n’est pas encore atteint, les règles d’isolement ont été allégées lundi 3 janvier 2022 par le ministère de l’Éducation nationale, qui mise sur la politique de contact tracing pour éviter les absences en cascade et maintenir les écoles ouvertes. La FCPE n’est toujours pas entendue : l’école a besoin que de vrais moyens soient déployés pour protéger l’ensemble de la communauté éducative : plus d’enseignants remplaçants, plus de personnel de médecine scolaire, plus de masques, d’autotests, de savons, de capteurs de CO2…

En dévoilant les mesures prises pour l’école la veille de la rentrée scolaire, le Ministère aurait voulu coller au mieux « à la réalité de la situation ». Pourtant, la FCPE le dénonce depuis le début de la crise sanitaire : il aurait fallu plus d’anticipation et déployer davantage de moyens pour l’éducation des enfants et la prévention de leur santé à l’école. Pire encore, les inégalités scolaires et sociales et la pression sanitaire s’aggravent.

Même si des aides sont prévues pour les familles les plus fragiles, il n’en demeure pas moins que le quotidien reste compliqué dans les écoles, sans stocks de masques en quantités suffisantes. Nous constatons, dans une école débordée, la montée en puissance de mesures et sanctions disciplinaires souvent disproportionnées ou inadéquates.

La généralisation des tests est largement prônée par le gouvernement. D’après la FAQ du ministère, les élèves cas contact doivent réaliser un test TAG ou RT-PCR auprès des professionnels de santé habilités, des pharmacies ou des labos de biologie médicale. Si le test est réalisé en pharmacie, deux autotests à faire à J2 et J4 sont remis gratuitement. Dans les autres cas, un bon permettant d’aller retirer gratuitement 2 autotests en pharmacie est donné pour faire des tests à J2 et J4. La réalité est toute autre aujourd’hui : les établissements sont parfois à la peine pour fournir un bon et les pharmacies en rupture d’autotests ou sans possibilité de les remettre gratuitement. Nous sommes bien loin d’une systématisation des tests organisée autour ou dans les écoles demandée par la FCPE, et soi-disant possible et réalisée. À charge pour les familles de s’organiser et parfois de payer. Beaucoup d’entre elles vont aller acheter les autotests en supermarché, comme cela a été rendu possible par le gouvernement, pour vérifier rapidement si les enfants sont positifs ou négatifs.

À noter également que le nouveau protocole qui rend obligatoires ces tests de vérification après exposition ou post maladie interroge sur la multiplication d’un acte intrusif sur la personne de l’enfant, les tests salivaires ayant été complètement mis de côté, jugés « peu sûrs » par le gouvernement.

Là encore, les parents doivent continuer à jongler entre travail, télétravail, enfant malade, enfant contact, et tests à répétition.

Concernant la partie pédagogique, la FCPE revendiquera une énième fois l’aménagement des programmes. Quand des milliers d’élèves sont touchés par la maladie ou les protocoles d’isolement et de vérification de statut « maladie », la révision des attendus pédagogiques de fin d’année est une fois de plus inévitable. Des élèves et des professeurs ont des absences ponctuelles, car malades ou cas contact. Il s’agit bien là d’un cumul de deux ans d’enseignement en pointillé et avec des réformes très lourdes d’impact en lycée. Pour les classes à examens, il est inenvisageable de ne pas prévoir un aménagement avec une première vague d’épreuves qui doit se dérouler en mars pour le contrôle continu du baccalauréat général et technologique.

L’école dehors est devenue une grande oubliée, alors même qu’elle répond dans le premier degré aux besoins essentiels des enfants. Les cours dehors sont peu généralisés, pensés le plus souvent comme trop difficiles à organiser. La FCPE soutient le contraire, car l’école dehors répond pleinement aux besoins des enfants et des jeunes, en termes de santé, d’apprentissages et de coopération.

La continuité pédagogique qui pourrait être décidée au niveau local sur certains territoires (par exemple, si l’ARS estime qu’avec trop de cas positifs, l’établissement doit être fermé) n’est que très peu abordée par le Ministère. L’école doit rester ouverte, mais pourtant, sur de nombreux territoires, les écoles sont fermées et les familles replongées dans la continuité pédagogique !

Parlons aussi ressources humaines et financières : l’école souffrait déjà fortement d’un manque chronique de remplaçants. Aujourd’hui, la situation est catastrophique, en raison de choix budgétaires gouvernementaux à la baisse, et à cause de ce pic épidémique à deux variants. Les parents, FCPE ou non adhérents, sont invités à saisir les non remplacements sur notre site ouyapacours.fcpe.asso.fr afin que la FCPE puisse communiquer sur la réalité de la situation. C’est essentiel. La FCPE exige un recrutement massif de personnels de direction, éducatif, enseignants, sanitaires et sociaux. 

Sur l’investissement dans les bâtis, le quotidien des écoles primaires est un vrai casse-tête. L’Etat a accordé peu d’aides financières et les collectivités sont souvent limitées dans leur budget pour équiper les écoles de sanitaires mobiles, et de capteurs CO2. En premier lieu, il s’agit de réparer ou d’aménager l'existant pour l’aération, ou le temps de travail des personnels de nettoyage… Limiter le non brassage est parfois un exercice de haute voltige dans des établissements en sureffectifs ou dans des locaux exigus ou non adaptés. Prévoir des annexes comme des gymnases est demandé aux collectivités pour les temps méridiens, mais toutes ces demandes ont été formalisées le jour même de la rentrée. La FCPE a proposé cette solution depuis le début de la crise, mais n’a pas toujours été entendue !

Pour toutes ces raisons, la FCPE sera pleinement mobilisée dans les prochaines semaines auprès des parents et dans les établissements pour faire baisser la pression générée par la crise sanitaire et pacifier les relations dans et autour de l’école.

 

Infographie MEN