Non, la rentrée ne se passe pas aussi bien que ça !

Lors d’une conférence de presse organisée ce mardi 8 septembre, la FCPE a fait le point après une semaine d’école. Ses représentants ont commencé par remercier les enseignants, les parents, les enfants, qui ont tout fait pour que cette rentrée se passe à peu près normalement, alors même que le ministère n’avait pas, ou peu, anticipé les problèmes qui allaient se poser.

Ainsi, les fermetures de classes ou d’écoles à La Réunion, où les cours avaient repris 15 jours avant la métropole, étaient prévisibles. « Nous sommes sur un radeau de la Méduse, affirme le co-président de la FCPE, Rodrigo Arenas. Le ministère a organisé un traitement inégalitaire des enfants selon les territoires : certains ont des masques gratuits, d’autres non, certains en quatorzaine ont des cours organisés par le Cned et pris en charge par l’Etat d’autres non… c’est la débrouille pour beaucoup de parents, et ça, ça ne fait pas une politique d’Etat ! ».

L’Etat doit intervenir sur le plan national

Il n’y a pas de dispositif national car Ma classe à la maison n’a pas repris, et le gouvernement a choisi de ne pas être décideur dans la mise en place de ce dispositif, laissant les recteurs prendre cette décision, tout comme il a laissé les rectorats et les ARS prendre les décisions de faire appliquer un protocole renforcé… ce qu’ils n’ont pas fait, même dans les territoires où le virus circule activement. La FCPE demande donc aujourd’hui la mise en œuvre de ce protocole, car il permettrait notamment de limiter le brassage des élèves et la création de petits effectifs en choisissant des lieux tiers pour pallier la pénurie de salles disponibles dans les établissements.

A l’étranger, la situation est aussi compliquée

Moulay Driss El Alaoui, vice-président, a ensuite fait un point sur les établissements français de l’étranger, rappelant que tout dépendait de la situation sanitaire du pays : aujourd’hui, les ¾ des 522 établissements n’ont pas encore réouvert, et par ailleurs ont choisi l’enseignement à distance ou hybride. « Un budget supplémentaire a été débloqué au Liban, pour sauver un certain nombre d’établissements doublement frappés par la crise du Covid et par l’explosion qui a eu lieu à Beyrouth, rappelle l’élu. Mais globalement, partout dans le monde, les parents se trouvent démunis et sont très inquiets. Nous recevons de très nombreuses demandes pour que nous les aidions, les accompagnions, en particulier pour faire valoir leurs droits. La FCPE reste mobilisée pour soutenir les Français expatriés. »

Les élu.e.s doivent se rebiffer

« Les parents et les enfants sont aujourd’hui maltraités, explique la coprésidente Carla Dugault. Ils ont les masques à leur charge quand les collectivités n’ont pas pris le relais, ils sont souvent abandonnés par la puissance publique et doivent se débrouiller pour assumer la garde de leurs enfants en quarantaine, parfois sans revenu… » « Nous les accompagnons du mieux possible, surenchérit Rodrigo Arenas, mais nous demandons à ce que les élu.e.s se rebiffent ! Nous sommes des lanceurs d’alerte, des facilitateurs, des accompagnateurs. Mais nous ne sommes pas aux affaires. Il revient aux élu.e.s d’exiger que l’Etat fasse respecter le droit commun, l’intérêt général. »

La FCPE organise sa résistance

« Nous allons réorganiser notre dispositif Ouyapacours pour que nous puissions suivre les fermetures de classes, savoir comment les élèves continuent d’être accompagnés, poursuit Carla Dugault. Nous pensons également à la voie judiciaire et nous réfléchissons à accompagner les parents qui voudraient porter plainte contre l’Etat qui n’aurait pas rempli ses obligations. » Sans oublier ces enfants « portés disparus » qui ne font plus partie des effectifs scolarisés. En effet, rien qu’en Seine-Saint-Denis, ils sont 4 000 à ne pas répondre à l‘appel, contre 500 les autres années. « Peut-être parce qu’ils n’ont pas pu rentrer d’un pays où le confinement est de mise », explique Moulay Driss El Alaoui, « peut-être parce que ces enfants ont été déscolarisés en raison du confinement et qu’ils pensent aujourd’hui que l’école n’est plus faite pour eux », ajoute Rodrigo Arenas, « ou tout simplement parce que ces familles sont vulnérables et ont peur de rescolariser leurs enfants dans une école qui ne les rassure pas toujours », conclut Carla Dugault…