Lycées : une rupture d’égalité intolérable !

Depuis le 5 novembre 2020, afin que les consignes sanitaires puissent être respectées dans les lycées, de nouvelles mesures ont été annoncées, avec notamment la mise en place d’une organisation qui alterne cours en classe dans les établissements et cours à distance. La continuité pédagogique ne sera pas la même pour tous les élèves, dénonce la FCPE. Une rupture d’égalité organisée par l’État !

Après l’annonce d’un deuxième confinement par le président de la République, dès la reprise des cours, les images de couloirs bondés et de restaurants scolaires pleins à craquer ont déferlé sur les réseaux sociaux avec le hashtag #BalanceTonProtocole. Jean-Michel Blanquer a donc été contraint de renforcer les mesures dès le 5 novembre 2020 en autorisant la mise en place de cours à distance dans les lycées, à condition de conserver au moins 50% d’enseignement en présentiel pour chaque élève.
Le hic ? Les modalités d’organisation sont laissées à l'appréciation des chefs d'établissement. Ainsi, le ministère de l’Éducation nationale renvoie la balle aux personnels sur le terrain, ne donne que très peu de consignes officielles, joue avec leur conscience professionnelle et sur le fait qu’ils ne veulent pas abandonner leurs élèves. L’État lui-même organise donc la rupture d’égalité entre les lycéens dans leur réussite au baccalauréat, puisque selon les territoires, le plan de continuité pédagogique ne sera pas le même.

Des instructions ministérielles étonnantes…
La circulaire du 6 novembre 2020 parue au BO du 12 novembre a acté la stratégie du ministère et stipule : « Lorsqu’il est nécessaire de modifier l’organisation de l’établissement afin de répondre aux conditions du protocole sanitaire, il est demandé à chaque chef d’établissement d’établir un plan de continuité pédagogique, applicable jusqu’aux prochains congés scolaires, qu’il pourra activer après accord de l’autorité académique ».
Un peu plus loin dans le texte : « Un grand nombre de modalités d’organisations peut être proposé, comme par exemple : 
- concentrer l’enseignement à distance sur les enseignements qui créent du brassage : cours de langues vivantes, options, enseignements de spécialité, etc.
- instaurer une ou plusieurs journées par semaine à distance par classe ;
- organiser la continuité des enseignements par niveau ; 
- organiser les enseignements par groupe ou par demi-groupe ;
- etc. »
À tout cela s’ajoute le fait que les lycéens de terminale sont les premiers à étrenner le baccalauréat nouvelle formule ! L’inquiétude est grande pour tout le monde, pour les élèves comme pour les parents, qui ont bien tous en tête ce qui se joue : leur orientation ! Comment être sereins quand le ministre annonce que l’examen prendra en compte les notes en contrôle continu, alors que la continuité pédagogique sera organisée au petit bonheur la chance ? Comment être sereins en sachant que l’algorithme Parcoursup décidera de l’avenir de chacun, Covid ou pas Covid ? La case « difficultés pour cause de cours à distance mis en place à cause de l’épidémie » n’a pas encore été envisagée… La FCPE lance d’ailleurs un appel à témoignages sur certaines dispositions totalement ubuesques que vous pourriez constater dans vos établissements (voir plus bas). Afin d’être en mesure de relayer les situations urgentes auprès du ministère de l’Éducation nationale.
Pour la FCPE, le risque est important qu’un grand nombre de jeunes se démobilisent, voire « décrochent ». Beaucoup seront insuffisamment autonomes pour travailler seuls, apprendre seuls, rester concentrés seuls. La promesse républicaine est tout autre ! « Déjà, l’an dernier, le bruit courait que le bac 2020 ne valait rien, mais que dira-t-on du bac 2021, dénonce Rodrigo Arenas, co-président de la FCPE. Les enfants accuseront les adultes de ne pas avoir pris soin d’eux. Ils sont une génération sacrifiée, c’est une réalité et c’est insupportable. »
Selon les chiffres publiés vendredi 20 novembre par le ministère de l’Éducation nationale, le nombre de classes fermées à cause du Covid-19 augmente, avec 222 classes et 20 établissements scolaires à l’arrêt. 
 « Afin de garantir l’effectivité du droit à l’instruction tout en offrant le plus haut niveau de protection aux élèves, aux professeurs et à l’ensemble des personnels », des opérations pilotes de dépistage du Covid-19 à l’aide de tests antigéniques vont être menées dès ce lundi 23 novembre dans une trentaine de lycées d’Île-de-France, à destination des personnels et des élèves volontaires, ont annoncé dans un communiqué l’agence régionale de santé, la région académique Ile-de-France et l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris.

Infos pratiques

Pour être en mesure d’agir contre les inégalités de traitement subies par les lycéens, la FCPE lance un appel à témoignages ! Vous êtes élèves en seconde, première, terminale ou parents d’élèves en lycée, écrivez-nous à fcpe@fcpe.asso.fr pour nous raconter comment la continuité pédagogique est assurée dans votre établissement. N’hésitez pas à nous solliciter si les instructions ministérielles n’ont pu être mises en œuvre, et que les élèves se retrouvent en difficulté scolaire.
Vous pouvez également vous connecter aux quatre forums que nous venons de mettre en ligne sur notre plateforme jaimemonecolepublique.fr Quatre thématiques centrales y sont abordées : les protocoles sanitaires, la coéducation, l’enseignement à distance, les sanctions disciplinaires.