Evaluations nationales : le ministère a tout faux

Quelque 1,6 millions d’élèves de CP et de CE1 ainsi que 824 000 élèves de 6e sont soumis aux évaluations nationales standardisées depuis le 13 septembre. Les plus jeunes, à savoir les élèves de CP devront recommencer l’exercice au mois de janvier ! Point sur ces évaluations des acquis qui soulèvent de nombreuses interrogations chez les parents d’élèves.

La FCPE s’interroge sur la pertinence pédagogique de faire subir aux élèves des évaluations nationales si proches de la rentrée. En effet, il est essentiel de laisser le temps aux élèves de s’acclimater à une nouvelle classe et de nouveaux enseignants, de se replonger dans le rythme scolaire et de remobiliser progressivement les acquis des années précédentes. Depuis 2018, le gouvernement poursuit sa logique implacable en instillant la peur de l’échec sur les élèves et leurs familles alors même que la pandémie a causé de nombreuses interruptions des cours en présence depuis 18 mois. De surcroît, le ministère n’a pas anticipé la mise en œuvre des évaluations nationales pour les classes qui restent fermées pour 7 jours ou plus pour cause de covid. Dans l’intérêt de nos enfants, au lieu de les évaluer à tout prix, le ministère aurait dû se préoccuper de l’adaptation des programmes scolaires, une urgence que la FCPE pointe depuis le début de la pandémie. Nous le rappelons, tous les élèves ont vécu la discontinuité pédagogique. S’il ne l’a pas anticipée, le ministère n’a pas non plus cherché à déployer des moyens suffisants pour en limiter les effets. Nos enfants ont besoin de sérénité et de stabilité dans leurs apprentissages ainsi que d’un soutien tant pédagogique que psychologique. Concernant la santé mentale de nos enfants, la mise en place du forfait psy n’a clairement pas été à la hauteur des enjeux et des besoins. Ces 18 derniers mois, les élèves ont vécu la fermeture de leurs établissements, la diminution de leurs  interactions sociales et amicales, la discontinuité pédagogique, un stress et une anxiété accrus ainsi que pour beaucoup d’entre eux, la précarité, la maladie et la mort dans leurs familles. Il faut de toute urgence apporter un réel soutien psychologique à tous les élèves et remettre le bien-être au cœur de l’école et des apprentissages.

A quoi bon faire subir aux élèves des évaluations nationales si le ministère ne prévoit pas ensuite des moyens financiers et humains pour les accompagner et les aider dans leurs apprentissages ? En quoi des évaluations organisées sans tenir compte du rythme et des besoins des élèves pourraient fournir un état des lieux fiable de leurs acquis ? Pour la FCPE, il serait plus bénéfique aux élèves d’être évalués par leurs enseignants avec des items adaptés au contexte local de leur classe ! Nos enfants ont surtout besoin que l’on s’intéresse aux obstacles à la réalisation des apprentissages et à l’identification des besoins pédagogiques de chacun. Il ne suffit pas « de prédire le mieux les éventuels obstacles à la réussite en CP et en CE1 » comme le souhaite le ministère mais au contraire d’aider et d’accompagner les élèves sans passer par une évaluation-sanction. Dans le premier degré, les évaluations répétées au début de l’année de CP, puis au milieu de l’année de CP et enfin début de CE1, laissent peu de place au temps des apprentissages pourtant essentiel.

Le ministère conçoit les évaluations nationales des acquis comme sources d’« indicateurs permettant de mesurer au niveau national les performances du système éducatif » en termes d’« évolutions temporelles et comparaisons internationales ». Pour la FCPE, il est impossible de faire reposer l'évaluation de notre système éducatif sur le fait de classer et comparer les élèves. Les interprétations par le ministère des évaluations nationales de 2018, 2019 et 2020 montrent à quel point elles sont avant tout pour lui un outil de justification de la politique ministérielle. Qu’attend-t-il pour mettre enfin nos  enfants au centre de l’école ?