Enseignement professionnel : et les élèves dans tout ça ?

Le président de la République avait donné le ton dans son discours devant les recteurs une semaine avant la rentrée scolaire… il a continué à préciser sa réforme de l’enseignement professionnel lors de son déplacement le 13 septembre 2022 aux Sables-d’Olonne dans le lycée professionnel, Eric Tabarly, fleuron de l’industrie nautique et automobile. En annonçant une grande réforme de l’enseignement professionnel, le président de la République n’a pas du tout évoqué la réforme de 2019, qu’il avait engagée, il y a à peine trois ans. Il s’agit pourtant bien de la continuité de celle-ci.

Le président de la République a lors d’un déplacement dans l’ouest de la France décliné sa feuille de route pour l’enseignement professionnel. Il a vanté une voie éducative à double tutelle « Education nationale » et « Travail ». Avec une nouvelle autonomie des lycées professionnels, et notamment une durée des stages augmentée de 50%. Il a aussi annoncé une refonte des cartes des formations. Avec au programme de sa réforme, des créations de formations mais aussi des suppressions, et l’idée qu’elles soient en adéquation avec les demandes des entreprises.

L’éducation au choix et l’exercice du droit à l’erreur

La FCPE a toujours défendu un lycée unique où les trois voies des lycées, générale, technologique et professionnelle sont traitées à égalité, et surtout leurs élèves. C’est à ce seul titre que véritablement l’éducation au choix pourra s’exercer et les élèves s’orienter en toute connaissance de cause. Le droit à l’erreur est reconnu par de nombreux textes européens et des voies en silo ne permettent nullement aux élèves de l’exercer. Les réformes actuelles ne font que renforcer les déterminismes sociaux. 

Pire encore aujourd’hui, l’orientation des jeunes n’est plus un engagement public national avec le renforcement du rôle des régions comme acteur. Les cartes de formation se trouvent ainsi profondément impactées avec de fait une répartition inégale selon les territoires qui ne permet pas pour autant une mobilité des jeunes sur l’ensemble du pays. 

La FCPE a défendu la constitution de familles de métiers pour laisser aux jeunes justement la possibilité de poursuivre leur exploration des métiers et permettre une lecture également plus simple aux parents. En effet, notre système demande aujourd’hui à des jeunes de 14, 15 ou 16 ans d’entrer trop souvent dans des formations professionnelles hyper spécialisées, alors même que ces jeunes sont encore dans la recherche d’un projet professionnel. L’Etat a le devoir de garantir aux élèves des lycées professionnels le libre exercice de l’éducation tout au long de la vie et plus encore, dans leur entrée de vie de citoyens.

Pour la FCPE, les élèves sont les futurs citoyens de la nation. Nous leur devons une formation qu’ils ont choisie et qui les épanouisse. 

Les mesures annoncées par le Président de la République inquiètent les parents. Est-ce au monde de l’entreprise de donner le « la » sur les formations en fonction de leurs besoins de main d’œuvre ? Est-ce que la voie professionnelle a pour seul objectif de ne créer qu’une « pauvre » main d'œuvre ?

C’est bien toute la crainte de la FCPE qui s’est toujours élevée « contre » de nombreuses  mesures de la loi « liberté de choisir son avenir professionnel » :  l’abaissement de la durée d’expérience professionnelle des tuteurs, la possibilité de travailler 40 h pour des jeunes de 16 ans dans certaines filières et surtout les facilités de création de CFA privés avec allègement des requis. L’apprentissage serait ainsi la voie d’excellence de formation, quand de fait les lycées professionnels publics se retrouvent en grande difficulté pour accompagner les élèves, sans investissements financiers et humains.

La FCPE ne veut pas qu’un jeune soit contraint, dès 16 ans avec un contrat de travail dans un domaine d’activité, avec une rémunération à la clé qui peut parfois le dissuader de poursuivre son parcours de formation.

Il ne s’agit pas de répondre aux seuls besoins des entreprises d’un territoire ni de cantonner cette voie dans une logique de relégation voire de sanction.

C’est à l’Education nationale d’accompagner les jeunes dans une voie diplômante sachant qu’une carrière professionnelle est longue.

Pour la FCPE, découvrir un métier, choisir, se tromper, pour peut-être reprendre une voie qui certifie est essentiel. Or, la classe de 3e est souvent un couperet et s’avère sélective pour de nombreux collégiens. 

Pour la FCPE, penser l’image de la voie professionnelle, c’est d’abord lui donner une place forte et concrète dans le système éducatif puis assurer une carte des formations variée sur l’ensemble du territoire et accompagner la mobilité des élèves :  Amorcer des parcours découverte des métiers dès l’école primaire  et de l’aide à l’orientation dès le collège, favoriser l’offre de stages en entreprises pour tous les jeunes de 3e, d’autant plus pour ceux qui ne peuvent bénéficier du « réseau » professionnel de leurs parents car il n’existe pas…

Dans sa circulaire de rentrée, le ministre de l’Education nationale avait indiqué qu’une priorité serait redonnée aux périodes de formation en milieu professionnel (PFMP) mises à mal par la pandémie et que la poursuite d’études après le baccalauréat professionnel, marquée par un fort taux d’échec, serait encouragée … On aurait aimé que le Président de la République relaie cette volonté de former et d’éduquer toujours davantage nos enfants au lieu de vouloir à tout prix les mettre sur le marché du travail, si jeunes….