Bac et brevet : la grande pagaille de fin d’année !

Alors que les heures de cours perdues pour les élèves explosent les scores cette année, l’organisation des épreuves du baccalauréat et du brevet est la cerise sur le gâteau. Ce sont encore les élèves qui font les frais de la politique de non remplacement du ministère.

Ce que les habitués du système éducatif appellent « la reconquête du mois de juin », c’est la jolie idée selon laquelle en modifiant le calendrier des épreuves du baccalauréat et du brevet, tous les élèves sans exception pourraient aller en cours jusqu’à la fin de l’année scolaire, c’est-à-dire jusqu’au 7 juillet, sans subir des emplois du temps à trous, voire une fin d’année anticipée. Car quand les professeurs gèrent la surveillance des examens ou la correction des copies, ils ne peuvent évidemment pas assurer les cours des élèves des autres niveaux.
Voici un scoop : « la reconquête du mois de juin » n’aura pas lieu ! Et la situation semble encore plus catastrophique que les années précédentes. La réforme du baccalauréat made in Blanquer n’a pas permis de gagner des jours. Et la communauté éducative a même le sentiment que la désorganisation commence encore plus que tôt que d’habitude…

Les épreuves de spécialité pour les élèves de terminale des lycées généraux et technologiques, à l’origine prévues en mars et reportées à mai à cause du Covid-19, sèment la pagaille. Les quelque un million de copies devront être corrigées, et les enseignants chargés de les relire bénéficieront d’un forfait de quatre demi-journées de décharge d’enseignement entre le 17 mai et le 3 juin. Certes, les syndicats enseignants avaient toute légitimité à revendiquer cet aménagement, mais la FCPE s’étonne une fois de plus que le ministère de l’Éducation nationale n’ait prévu aucune contrepartie pour les élèves ! Car les heures de cours perdues sont innombrables sur tout le territoire, et l’école buissonnière semble être un non-sujet rue de Grenelle. 

Depuis le début de l’année scolaire, ce sont plus de 73 000 heures de cours non remplacées que la FCPE a enregistrées sur sa plateforme déclarative Ouyapacours. Encore bien loin de la réalité, puisque tous les parents ne déclarent pas les absences de professeurs non remplacées de leurs enfants.

Ah si pardon ! Après l’appel aux étudiants et aux retraités, une solution est envisagée : les visioprofesseurs ! Le projet était dans les tuyaux depuis 2021, l’expérimentation se met en place dans l’académie de Nancy-Metz pour la rentrée 2022 : des brigades numériques de remplacement constituées de professeurs du second degré volontaires. Ils se substitueront à leurs collègues absents et feront classe, à distance, par le biais de visioconférences. Les élèves seront surveillés dans l’établissement par des assistants d’éducation.

Une honte pour la FCPE, qui dénonce ce projet dans un communiqué adressé à la presse ce mercredi 11 mai. « Les élèves ne peuvent apprendre durablement à distance. Les jeunes ont besoin de contacts humains pour apprendre ! L’Éducation nationale ne peut devenir un CNED géant qui est un moyen de faire des économies sur le dos des élèves et de ne pas envisager le vaste plan de recrutement et de formation que toute la communauté éducative réclame depuis des années. […] L’Éducation nationale franchit donc un nouveau palier dans l’aberration pédagogique. »

La technologie, la mauvaise pioche

Côté collège, ce sont les élèves de 3e qui font les frais du non remplacement des professeurs absents. Chaque année, pour le brevet, deux des trois matières de sciences sur lesquelles les collégiens seront évalués, sont tirées au sort quelques semaines avant le début des épreuves. Cette année, pour la série générale, la technologie est l’une des disciplines retenues. Très mauvaise pioche pour les parents d’élèves ! Dans de nombreux établissements scolaires, en Loire-Atlantique ou en Essonne par exemple, de nombreuses absences non remplacées d’enseignants en technologie ont été recensées depuis plusieurs mois ! Le programme est loin d’avoir été bouclé. Les élèves concernés seront donc désavantagés pour le passage de cette épreuve nationale. Pour un match de foot, si l’entraîneur ne fournit pas de crampons à tous ses joueurs, leur performance sur le terrain ne pourra pas être équivalente. Le ministère de l’Éducation nationale ne doit pas être celui qui instaure cette différence de traitement entre les élèves. Le SE-Unsa s’est engagé en avril 2021 dans une campagne revendicative pour cette discipline. La FCPE compte saisir le ministre sur cette question.
 

Les Antilles particulièrement touchées

Dans un courrier en date du 10 mai 2022, la FCPE et le Snetap-FSU interpellent une nouvelle fois le ministère de l’Éducation nationale et le ministère de l’Agriculture sur la situation particulière des Antilles, qui a particulièrement été touchée par la crise sanitaire. Les établissements publics locaux d’enseignement et de formation professionnelle ont été fermés pendant plusieurs mois. Les élèves n’ont pas pu suivre une scolarité « normale ». Les deux organisations réclament « de mettre en place en urgence des aménagements spécifiques pour les épreuves terminales pour ces territoires ultramarins ». Les communautés éducatives de Guadeloupe, de Martinique et de la Guyane se sentent totalement abandonnées.